LA STRATÉGIE: mais qu’est-ce que c’est ?

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Se développe sur le net et dans « NuitDebout » une sorte de folie créatrice, une logorrhée d’idée qui encombrent littéralement l’esprit des lecteurs ou de l’auditoire. C’est peut-être cela la base du changement, le début de la démocratie: le tout venant.

Cependant, nous ne sommes pas en Démocratie pleine et entière, nous ne sommes qu’en démocratie limitée à la nuit, en démocratie du dimanche…

Alors qu’une kyrielles de nouveautés émergent des places, nouveautés bucoliques, naïves, austères, décroissantes, numériques, durables, politiques, financières, monétaires, une sensation se dégage: mouvement s’enlise.

Il fonctionne mais n’avance pas; il est là mais ne provoque pas, pire, il est toléré.

Sa morphologie serait bien révolutionnaire, mais est-il révolutionnaire, aspire-t-il au changement franc, voulu, déterminé ? Trouve-t-il ses ressources propres à satisfaire ses aspirations ? N’est-il pas trop créateur, trop imaginatif ?

Il semblerait que les propositions des cerveaux prennent le pas sur la concentration de la tension sociale.

Tout est dans la nature, rien n’est au dehors.

Et dans la nature, les révolutions n’existent pas ou peu, en tout cas elles sont rares.

En géologie, en tectonique, les évènements sont vifs et brutaux, diffusés dans un temps court: tensions, ruptures, dégagement d’énergie, adaptation.

Pour suivre ce schéma dont la caractéristique est la violence -c’est à dire la diminution du temps lié à l’évènement- il est nécessaire qu’au préalable les tensions se forment, qu’elles aient des vecteurs opposés et des intensités de  forces d’action et de réaction quasi identiques dans un premier temps.

Alors si celle qui est en mouvement devient supérieure à celle qui résiste immobile, c’est la rupture avec dégagement de l’énergie accumulée.

Sommes nous dans ce type d’évènement ?

Il y a une forte ressemblance quant à la mise en place: contestation, malaise, plus de place , dysfonctionnement… alors l’expression de la tension s’exprime.

Sauf que l’expression de cette tension porte en son sein des contradictions vectorielles, autrement  dit le sens de l’expression porte en lui des divergences qui empêchent la tension de progresser dans le sens opposé du pouvoir en place.

Je ne parlerai pas des violences exprimées en marge des manifestations ou des rassemblements. Elles sont peut-être évocatrices de ce que le résultat donnera: option de destructions violentes lors d’un changement attendu, mais elles ne concourent pas à l’expression de la tension par ce qu’elles ne sont pas de même nature d’une part , et d’autre part elles sont exclues par les deux antagonistes. Enfin elles font office de soupape et libère prématurément des énergies qu’il faudrait contenir.

Dans mon analyse je me concentre plus sur la force que sur le fond. En ce sens il ne faut pas que les tensions sociales se transforment en forces de propositions, n’en déplaise à certain, mais s’affirment en forces d’opposition, c’est à dire une accumulation de forces critiques.

Ainsi la qualité de l’expression de la tension sociale doit se concentrer sur sa capacité critique du pouvoir:

dire et démontrer que le pouvoir enrichit certains en en appauvrissant d’autres,

dire et démontrer que les hommes du pouvoir ont installé un mode de fonctionnement social esclavagiste,

dire et démontrer que la démocratie n’est pas respectée par le pouvoir,

dire et démontrer que le pouvoir ne doit pas s’éloigner géographiquement,

dire et démontrer que le pouvoir a abandonné ses prérogatives sociales,

dire et démontrer que les hommes du pouvoir sont incompétents,

dire et démontrer que la corruption du pouvoir est manifeste,

dire et démontrer que le pouvoir travesti en permanence la réalité,

dire et démontrer que le pouvoir ne fait pas son travail,

dire et démontrer que les résultats de la politique du pouvoir se traduit par une aventure sociale catastrophique,

dire et démontrer que les hommes de pouvoir doivent laisser le champ libre.

dire et démontrer qu’autrement s’exercera une justice dépassant les lois actuelles et deviendra à leur encontre une justice d’exception.

La liste n’est pas exhaustive.

C’est ce qu’il faut décliner.

Il ne faut pas sortir du sens critique.

Ce qu’il ne faut pas faire, c’est de présenter des propositions, nous ne sommes pas dans une phase de discussion ou d’échange avec le pouvoir. D’une part ces propositions contreviennent aux sens de la force, d’autre part elles ne peuvent être crédibles car non démocratiquement validées.

Il ne faut pas céder aux sirènes d’un ou de plusieurs leadership qui veulent se fabriquer via leurs propositions; ce n’est pas l’heure, et c’est un processus qui travaille dans le sens opposé à la force de la tension sociale qui s’exprime.

Cela peut être gênant pour certains qui pensent qu’il est opportun d’exprimer leur idées, mais c’est un leurre et un piège dans lequel il ne faut pas tomber.

Alors tous ces intervenants, qui n’ont qu’un objectif, se faire valoir, doivent se rallier à la critique du pouvoir et du système qu’il nous impose.

Il faut une confrontation qui passe par une concentration des forces d’un même vecteur: la critique, le pilonnage, pour parvenir enfin au gain du pouvoir par la démission ou le retrait des hommes et des femmes en place. Tout ceci la nature même nous l’apprend.

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